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EN BREF
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Dans une démarche visant à améliorer leur empreinte carbone, neuf grandes enseignes de la distribution en France ont uni leurs efforts pour créer une plateforme de collecte de données concernant les émissions indirectes de gaz à effet de serre. Cette initiative, nommée LESS (pour « low emission sustainable sourcing »), permettra aux fournisseurs, en particulier aux coopératives agricoles, de partager des informations sur leur bilan carbone et leurs objectifs environnementaux. En s’attaquant au scope 3 de leur bilan carbone, représentant 96 % des émissions totales du secteur, les enseignes souhaitent renforcer leur transparence et leur collaboration avec leurs chaînes d’approvisionnement. L’autorité de la concurrence a déjà apporté son soutien au projet, soulignant son importance pour une transition environnementale réussie dans la grande distribution.
Dans un monde de plus en plus confronté aux conséquences du changement climatique, les enseignes de la grande distribution prennent conscience de leur rôle crucial dans la lutte contre l’empreinte carbone. Neuf acteurs majeurs de ce secteur se réunissent pour établir une plateforme commune permettant de collecter des données sur l’empreinte carbone de leurs fournisseurs, tout en adressant des appels clairs pour obtenir une transparence renforcée sur l’ensemble des produits distribués. Cette initiative vise à mettre en lumière les émissions indirectes de gaz à effet de serre (GES) liées aux produits, principalement à travers ce que l’on appelle le scope 3 de leur bilan carbone.
Le cheminement vers une plateforme de transparence
Le projet de plateforme LESS, signifiant « low emission sustainable sourcing », représente une avancée significative dans les efforts de décarbonation de la grande distribution. Établie sous l’égide de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et de la Fédération technique du commerce Periphem, cette initiative permet aux fournisseurs de renseigner des informations relatives à leur bilan carbone et à leurs objectifs environnementaux. Ainsi, les coopératives agricoles et autres partenaires de la chaîne d’approvisionnement peuvent participer activement à cette démarche qui marque une première étape vers une réduction significative des émissions de CO2.
Cette plateforme, lancée le 12 novembre 2025, se veut un outil central pour la collecte de données fiables. Philippe Joguet, directeur du développement durable à la FCD, explique que cette collaboration vise à s’attaquer efficacement au scope 3, qui englobe les émissions indirectes et représente 96 % du bilan carbone total de la grande distribution. En effet, une étude menée par McKinsey en 2022 révèle que les trois quarts des émissions de CO2 proviennent des produits eux-mêmes, d’où la nécessité d’une coopération accrue tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Les enjeux de la collecte de données
La première intention des acteurs impliqués dans la création de la plateforme était de collecter des données directement liées aux produits vendus. Cependant, cette tâche s’est avérée complexe en raison de la maturité limitée des méthodes de calcul disponibles. Carole Lejeune, responsable carbone et RSE à La Coopération Agricole, souligne que récolter des données spécifiques au niveau des produits était irréalisable au regard des défis techniques actuels. Par conséquent, l’initiative s’est recentrée sur la collecte de données à l’échelle de l’entreprise.
Philippe Joguet insiste sur l’importance que la plateforme respecte le droit de la concurrence. Les entreprises participantes peuvent décider de partager leurs données carbone, mais ces informations ne seront accessibles aux enseignes qu’en fonction du volume commercial qu’elles ont avec ces fournisseurs. Cela garantit une certaine confidentialité tout en facilitant la transparence nécessaire à la lutte contre les GES.
La question de l’engagement des fournisseurs
Pour que cette initiative porte ses fruits, il est crucial d’inciter un plus grand nombre de fournisseurs à rejoindre la plateforme. À ce jour, 150 acteurs ont déjà fait le pas, mais le potentiel reste immense. Avec en moyenne 6 000 fournisseurs liés à chaque enseigne, il est encore possible de rassembler une quantité considérable de données. D’ailleurs, pour encourager les entreprises qui n’ont pas encore de bilan carbone à s’impliquer, la plateforme propose une adhésion gratuite jusqu’à ce qu’elles choisissent de renseigner leurs données.
Le directeur du développement durable à la FCD reconnaît que cette approche est nécessaire pour sensibiliser les fournisseurs au processus de décarbonation. La possibilité de faire partie d’une initiative collective est un atout qui pourrait les motiver à s’engager. En effet, la collecte de données sur l’empreinte carbone est devenue un enjeu central pour les acteurs économiques désireux de compléter leur parcours vers la durabilité.
Les retombées économiques de la décarbonation
Un des défis sous-jacents à cette initiative est le partage des coûts liés à la décarbonation entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement. Carole Lejeune souligne que la question économique est tout aussi essentielle que la collecte de données. Pour ses 2000 coopératives, estimer qu’une réduction de 25 % de leur impact carbone nécessiterait un investissement supplémentaire de 800 millions d’euros par an révèle l’ampleur des enjeux financiers. Il est donc impératif de discuter des modalités de partage des coûts afin de ne pas pénaliser certains acteurs.
Les discussions économiques devraient prendre place lors des réunions du Comité des parties prenantes, une structure mise en place pour structurer le dialogue entre les distributeurs et les producteurs, ainsi que pour suivre l’évolution du projet. La FCD souligne la nécessité d’un échange constructif sur cette question, qui pourrait devenir un sujet central des négociations à venir.
Supermarchés : des acteurs incontournables dans la transition climatique
Les grandes surfaces possèdent un pouvoir disproportionné en matière de décisions d’achat, influençant ainsi profondément l’ensemble du cycle de vie des produits. Ce rôle prépondérant leur confère une responsabilité accrue. Avec leur poids dans les achats des consommateurs, ces enseignes doivent devenir des acteurs majeurs dans la lutte contre les dérives environnementales. En améliorant la transparence sur l’empreinte carbone de leurs produits, elles peuvent participer à la sensibilisation des consommateurs. La transparence est essentielle pour que ces derniers puissent faire des choix éclairés dans leurs achats quotidiens.
Par ailleurs, un rapport publié par UFC-Que Choisir met en lumière l’évolution des enseignes en termes d’engagements climatiques et d’initiatives individuelles. Bien que des progrès aient été réalisés, l’engagement des grandes surfaces reste insuffisant face aux défis climatiques. Afin d’accompagner cette transition, il est donc crucial de multiplier les initiatives telles que la plateforme LESS pour offrir une plus grande visibilité et des informations fiables sur les produits, et ce, dans l’intérêt des consommateurs.
L’importance d’une coopération renforcée
Pour que la grande distribution atteigne ses objectifs de décarbonation, il est essentiel d’encourager une coopération renforcée entre tous les acteurs de la chaîne, des producteurs aux distributeurs. Cela implique non seulement une meilleure communication mais aussi la mise en place d’outils adaptés qui favoriseront un échange d’informations sur l’empreinte carbone. Par exemple, la mise à disposition d’expertises et de méthodologies permettrait aux fournisseurs de calculer plus facilement leur empreinte et ainsi, de la partager sur la plateforme.
L’esprit de collaboration doit également se refléter dans des investissements conséquents en faveur de technologies innovantes et durables. Celles-ci sont nécessaires pour évaluer avec précision les impacts environnementaux des produits et s’assurer qu’ils répondent aux demandes croissantes en matière de transparence. Une telle dynamique pourrait également permettre de réduire les coûts liés à la transition et d’accélérer les processus d’innovation au sein des coopératives et des grandes enseignes.
La route à suivre : des mesures concrètes et des objectifs ambitieux
La transition vers un modèle de grande distribution plus durable exige des mesures concrètes et des objectifs ambitieux. Les enseignes doivent intégrer la durabilité dans leurs stratégies à long terme et faire de la réduction de l’empreinte carbone un de leurs critères d’évaluation des fournisseurs. Une approche proactive consiste aussi à développer des formations et des ressources pour les fournisseurs afin de les aider à réduire leurs émissions et à témoigner de leur engagement envers la durabilité.
De surcroît, la sensibilisation des consommateurs joue un rôle clé dans le succès de ces initiatives. En informant au mieux le grand public sur les enjeux de l’environnement et les impacts liés aux produits qu’ils consomment, les enseignes peuvent encourager un changement de comportement vers une consommation plus responsable. À travers des campagnes marketing éthiques et engageantes, il est possible de susciter l’intérêt et la responsabilité des consommateurs dans ce combat pour l’environnement.
Les perspectives d’avenir
Alors que les enseignes de la grande distribution s’engagent davantage dans la transparence sur l’empreinte carbone, les perspectives d’avenir semblent prometteuses. L’émergence de plateformes de collecte de données comme LESS marquera sans aucun doute une étape décisive dans la réduction des émissions et l’atteinte d’une économie plus circulaire. En continuant d’entamer ce dialogue constructif avec les acteurs du marché, ces entreprises pourront non seulement atteindre leurs objectifs, mais également jouer un rôle de leader dans la transition écologique.
Avec cette transformation, ce n’est pas seulement leur image qui est en jeu, mais leur capacité à se positionner durablement sur le marché. Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l’environnement et rechercheront des enseignes qui reflètent ces valeurs.
Pour un réel impact positif sur l’environnement, la nécessité d’instaurer des mesures claires et des obligations concrètes au sein de la grande distribution apparaît comme un impératif. En ce sens, le soutien de l’État et des organismes de régulation pourrait également jouer un rôle central dans l’accélération de ce processus.
La transparence sur l’empreinte carbone des produits dans la grande distribution, quoi qu’encore en construction, pourrait déterminer la direction vers laquelle se dirige l’ensemble du secteur dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.
Transparence sur l’empreinte carbone : un enjeu crucial pour la grande distribution
Les enseignes de la grande distribution prennent conscience de leur rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Ainsi, elles insistent sur la nécessité d’une transparence accrue concernant l’empreinte carbone de leurs produits. Une des responsables d’une grande enseigne a déclaré : « Nous avons l’obligation d’informer nos clients sur l’impact environnemental des produits qu’ils achètent. Cette transparence est fondamentale pour renforcer la confiance et encourager des choix de consommation plus responsables. »
Un directeur d’une fédération de coopératives agricoles ajoute : « La collecte de données sur l’empreinte carbone des produits est indispensable. Nous devons travailler ensemble pour établir des normes claires et fiables. Ceci nous permettra non seulement de suivre nos progrès en matière de durabilité, mais également de sensibiliser tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement. »
Pour un responsable de la stratégie RSE d’une enseigne, « l’absence de données claires nuit à notre capacité à réduire notre impact environnemental. En travaillant main dans la main avec nos fournisseurs, nous pourrons mieux comprendre les enjeux et mettre en place des actions concrètes pour diminuer notre empreinte carbone. »
Un membre d’une association environnementale souligne l’importance de ce mouvement : « La grande distribution est un acteur majeur de notre système économique. Sa volonté de rendre compte de son empreinte carbone peut avoir des répercussions significatives. Cela pourrait inciter d’autres secteurs à suivre cette initiative et à s’engager vers une économie plus verte. »
Enfin, un consultant en développement durable conclut : « L’initiative des enseignes de la grande distribution est un pas dans la bonne direction. Cela montre que l’industrie commence à reconnaître l’importance de la transparence et de la responsabilité environnementale. Nous sommes tous concernés par cette transition, et chaque action compte. »

