EN BREF
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La Suisse se présente souvent comme un modèle de durabilité, vantant une réduction de 24% de ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990. Toutefois, cette vision est trompeuse, car elle ne prend pas en compte les émissions importées liées à la consommation des biens importés, qui sont en réalité environ 3,8 fois supérieures aux émissions nationales. Ces émissions proviennent de la production et du transport à l’étranger, et lorsqu’elles sont incluses, la Suisse affiche l’un des taux d’émission par personne les plus élevés au monde. Notamment, le transport international et la production d’électricité à partir de combustibles fossiles à l’étranger, comme en Chine, contribuent grandement à ce bilan. Le système de calcul actuel, basé sur le principe territorial, permet de réduire artificiellement la responsabilité de la Suisse dans les émissions globales, favorisant une délocalisation de la production polluante.
La Suisse est souvent perçue comme un modèle en matière de durabilité, vantant ses rivières propres, son électricité largement renouvelable et un système de recyclage efficace. Pourtant, un examen plus attentif de son bilan carbone révèle une autre réalité. Bien que les émissions de CO2 « officielles » aient diminué depuis 1990, la consommation suisse engendre une empreinte carbone parmi les plus élevées au monde. Ce phénomène est en grande partie dû aux émissions importées que le pays ne prend pas en compte dans son bilan. Cet article explore en profondeur ces enjeux en mettant en lumière les véritables impacts écologiques de la consommation et des importations suisses.
Le bilan climatique officiel et ses limites
Le Conseil fédéral suisse se félicite régulièrement des avancées réalisées en matière de réduction des gaz à effet de serre. En effet, il a récemment annoncé une baisse de 24% des émissions de CO2 depuis 1990, arguant d’une amélioration continue des émissions par habitant. Cependant, cette vision ne prend en compte qu’une partie des émissions liées à la consommation. Les autorités suisses se basent sur un système de calcul qui se concentre strictement sur les émissions territoriales, laissant de côté les émissions importées qui représentent une réalité bien plus complexe.
La réalité des émissions importées
Les émissions importées sont souvent ignorées dans le discours officiel, bien qu’elles aient un impact significatif sur le bilan carbone global du pays. Ces émissions proviennent de la production de biens à l’étranger, qui sont ensuite importés en Suisse. Si l’on considère ces valeurs, les émissions par habitant en Suisse s’avèrent parmi les plus élevées au monde. Selon des analyses, les émissions importées peuvent dépasser de près de quatre fois celles générées sur le territoire national.
Aperçu des impacts environnementaux
Une étude menée par l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a révélé que la consommation des Suisses génère une empreinte carbone significative à l’échelle mondiale. En 2021, les émissions importées étaient environ 3,8 fois plus élevées que les émissions nationales. Ceci indique que la Suisse, malgré ses efforts pour réduire ses propres émissions, continue d’avoir un impact environnemental important à l’étranger.
Les processus de transport international
Lorsque des biens, tels que des écouteurs, sont achetés en Suisse, les émissions de CO2 engendrées pendant leur transport et leur fabrication à l’étranger sont souvent largement sous-estimées. La majorité des gaz à effet de serre sont émis durant la chaîne d’approvisionnement internationale. Par exemple, le transport maritime et aérien, responsable d’une part significative des émissions de CO2 dans le monde, a un effet direct sur le bilan carbone global. La Suisse, en tant que pays importateur, ne compte pas ces charges dans son inventaire, aggravant ainsi la vision optimiste de son bilan.
Les émissions liées à la production extraterritoriale
Une part considérable des émissions de gaz à effet de serre provient des chaînes d’approvisionnement régionales et internationales. En réalité, une grande quantité de CO2 est émise lors de la production de biens destinés aux consommateurs suisses, retombera sur les pays producteurs, et non sur la Suisse elle-même. Cela constitue une problématique éthique, car cela déplace la responsabilité écologique plutôt que de l’affronter directement.
Impact de la production d’électricité
L’une des sources majeures d’émissions importées est la dépendance à l’électricité produite à partir de combustibles fossiles dans d’autres pays. Par exemple, en Allemagne, une partie de l’électricité provient de centrales au charbon, ce qui augmente considérablement le bilan carbone associé aux produits importés en Suisse. Alors que le mix énergétique en Suisse est plus respectueux de l’environnement, la chaîne d’approvisionnement internationale révèle une tout autre réalité moins durable.
Le principe territorial et ses critiques
Le système de calcul suisse repose sur le principe dit « territorial » ou « productif », qui établit que chaque pays doit assumer la responsabilité des émissions de gaz à effet de serre produites sur son territoire. Cependant, cette approche pose problème. Les critiques soulignent qu’elle permet au pays de détourner son attention des impacts environnementaux engendrés par ses importations, ce qui pourrait renforcer les problèmes environnementaux à l’échelle mondiale.
La fuite de carbone
Le principe territorial pourrait également promouvoir ce qu’on appelle une « fuite de carbone », où la production polluante est délocalisée à l’étranger pour atténuer le bilan national. Cela peut accroître les émissions de CO2 dans les pays où la production est peu régulée, notamment en Asie, alors que la Suisse continue de faire valoir son rôle de leader en matière de climat sans devoir faire face aux véritables conséquences de sa consommation.
Le rôle des consommateurs suisses
Les consommateurs suisses jouent un rôle clé dans cette dynamique. En choisissant des produits importés sans considérer l’origine de leur production et l’impact environnemental associé, ils participent indirectement à l’augmentation des émissions de CO2 à l’étranger. La sensibilisation à l’empreinte écologique des biens de consommation pourrait motiver un changement vers des pratiques de consommation plus durables.
Vers une transition responsable
Une transition vers un modèle économique plus durable nécessite une prise de conscience collective et des adaptations profondes dans la manière dont nous consommons. Les Suisses disposent du pouvoir d’influencer positivement la dynamique des chaînes d’approvisionnement en choisissant des produits locaux ou durables. Cela nécessite néanmoins un engagement volontariste de la part des citoyens et des instances gouvernementales.
Les pistes de solutions
Pour améliorer le bilan carbone, la Suisse doit envisager un cadre de politiques qui intègre les émissions importées dans son évaluation. Cela pourrait impliquer l’adoption de nouvelles mesures fiscales qui prennent en compte l’empreinte carbone des produits importés, ainsi que des incitations pour promouvoir des pratiques de consommation durable.
Renforcement des politiques de durabilité
En renforçant les lois et réglementations concernant les importations, en établissant des bilans plus complets qui tiennent compte des émissions de CO2 tout au long de la chaîne d’approvisionnement et en sensibilisant le public, la Suisse pourrait potentiellement réduire son empreinte écologique tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.
L’impact mondial des choix d’importation
Les choix effectués par les consommateurs et les entreprises suisses ne sont pas sans conséquences. Par exemple, lorsque les entreprises choisissent de se fournir dans des pays à forte intensité carbone, elles contribuent à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Ce phénomène nécessite une réflexion approfondie sur les responsabilités partagées entre les pays importateurs et producteurs.
Implications pour les entreprises
Les entreprises suisses devraient aussi jouer un rôle actif dans la réduction de leur empreinte carbone. En intégrant des critères de durabilité dans leurs chaînes d’approvisionnement et en collaborant avec des producteurs engagés dans la minimisation de leur impact écologique, il est possible d’inverser cette tendance et de faire progresser la durabilité au sein de l’économie.
Conclusion temporaire sur les actions possibles
En soulevant les enjeux des émissions de CO2 et des responsabilités liées à la consommation, la Suisse doit engager un dialogue constructif sur la manière d’intégrer les émissions importées dans ses politiques climatiques. C’est un défi critique, non seulement pour le pays, mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale. La responsabilité porte sur tous les acteurs, y compris les citoyens, les marchés et les gouvernements, afin de construire un avenir durable.

Témoignages sur l’impact des émissions de CO2 sur le bilan carbone ‘officiel’ de la Suisse
Les citoyens suisses conviennent souvent que leur pays est un modèle de durabilité. Cependant, nombreux sont ceux qui s’inquiètent de la disparité entre le bilan carbone officiel et la réalité des émissions importées. Certains témoignent que, bien que les émissions nationales affichent une belle diminution, la lutte contre le changement climatique peut sembler insuffisante si l’on considère l’ensemble de la consommation.
Unresidente de Zurich déclare : « Je suis fier de vivre dans un pays qui investit dans les énergies renouvelables, mais en même temps, je constate que de nombreux produits que nous consommons ici endommagent l’environnement ailleurs. Notre empreinte carbone à l’étranger est alarmante et pourtant, cela reste un sujet peu débattu. »
De leur côté, des jeunes activistes soulignent que les politiques climatiques mises en place doivent également prendre en compte les chaînes d’approvisionnement internationales. « Nous voulons voir des actions concrètes pour réduire non seulement ce qui se passe ici, mais aussi apprendre à assumer notre responsabilité globale », affirment-ils avec conviction.
Un agriculteur des régions rurales se questionne : « Pourquoi devrions-nous nous sentir concernés par un chiffre qui ne tient pas compte de notre consommation de produits importés? Les efforts locaux sont louables, mais cela ne doit pas nous exonérer d’analyser notre impact au-delà des frontières. »
Une enseignante en sciences de l’environnement mentionne : « Les jeunes générations sont de plus en plus conscientes de ces réalités. Ils réalisent que notre responsabilité climatique ne s’arrête pas aux limites de notre pays et qu’il est crucial d’engager un débat sur ces émissions importées pour un avenir durable. »
En somme, à mesure que la prise de conscience explose concernant les enjeux environnementaux, une voix s’élève pour reconsidérer les calculs qui sous-tendent le bilan carbone suisse. Ces témoignages illustrent le besoin d’un dialogue ouvert et d’actions qui engagent tout le pays à réfléchir à son véritable impact écologique sur le climat mondial.